Retour sur la saison des cyclones 2017 - 2018 en un coup d'œil (AVA)

Après de nombreux retards et hésitations, la saison des cyclones a finalement été lancée avec la naissance de la tempête tropicale modérée AVA. Il s'agissait du premier système de la saison, mais aussi de la première menace pour les terres habitées, notamment Madagascar. AVA est devenue une tempête tropicale le 3 janvier 2018, entrant ainsi dans le top 5 des saisons les plus tardives. Le record est détenu par Anacelle, nommée en février 1998.

Saison humide et orageuse à La Réunion et à Maurice - Après des périodes de sécheresse relativement prononcées dans le sud-ouest de l’océan Indien, la saison 2017 - 2018 a marqué un record à La Réunion et à Maurice. Les précipitations observées durant les mois de janvier, février et mars ont été dignes d'une véritable saison des pluies. Des conditions instables et humides permanentes, ainsi que le passage successif de différents systèmes dépressionnaires tropicaux, directs ou indirects, ont été à l'origine de cette saison particulièrement humide.

Au-delà des précipitations, l'activité orageuse qui a touché les îles sœurs au mois de février 2018 a été remarquable. Les conditions instables ont provoqué des développements quotidiens, entraînant des averses orageuses brèves mais intenses, associées à une activité électrique marquée. À La Réunion, du 4 au 27 février, cette activité électrique a atteint son apogée. Le nombre de jours orageux observés a fait de février 2018 le deuxième mois le plus orageux depuis 1969, selon Météo France. La même situation a été observée à Maurice, où février 2018 a battu le record du nombre de jours avec des orages, selon les services météorologiques mauriciens.

Divers systèmes se sont développés à proximité des pays habités du bassin sud-ouest de l'océan Indien, souvent avec des trajectoires menaçant Madagascar et les Mascareignes. L'archipel des Mascareignes a été approché par Berguitta, Dumazile, Eliakim et Fakir. La côte est de Madagascar a été directement et fortement frappée par le cyclone tropical Ava et la forte tempête Eliakim.

Cyclone Fakir, un mauvais souvenir pour La Réunion - Parmi les systèmes qui ont un peu trop approché les îles cette saison, il y a Fakir. La forte tempête qui a eu lieu fin avril a été exceptionnelle pour La Réunion. Jamais l'île n'avait vécu une telle période intense à cette époque de l'année. La série d'événements a été tout aussi exceptionnelle. Le mardi 24 avril, Fakir a été un système qui a résisté à des conditions en altitude où il aurait normalement dû se réduire et s'affaiblir complètement. La tempête violente a provoqué des conditions cycloniques sur une grande moitié est de La Réunion. À Gros Piton Sainte Rose, une rafale de vent de 202 km/h a été enregistrée. Notez cependant que cette station de mesure est située dans une position très exposée, avec des rafales accélérées par la topologie du terrain, et donc pas représentative de l'intensité du système lui-même.

Saison sous la moyenne saisonnière - Bien que ces systèmes ayant affecté directement ou indirectement les zones habitées donnent l'impression d'une saison cyclonique très active, en examinant le nombre de systèmes baptisés développés dans le bassin, nous restons pour la troisième saison consécutive sous la moyenne saisonnière. La saison des cyclones 2017 - 2018 dans l'océan Indien sud-ouest a compté 8 systèmes baptisés, tandis que la moyenne est d'environ 9 systèmes par saison. Les deux dernières saisons avaient fait mieux, avec 8 systèmes en 2015 - 2016 et encore moins en 2016 - 2017 avec seulement 6 baptêmes. Cependant, sur les 8 systèmes de cette saison, nous avons eu 5 cyclones tropicaux (dont 2 intenses), dont 4 se sont développés durant le seul mois de janvier 2018, ce qui est remarquable, et 3 fortes tempêtes tropicales.

La principale variable pour qualifier une saison active ou non est le nombre total de jours d'activité dans le bassin. Malgré un nombre de systèmes inférieur à la moyenne saisonnière, il y a eu des jours d'activité intense, notamment avec le cyclone Cebile qui est resté longtemps actif dans le bassin. Plus de clarté sera apportée dans quelques semaines avec le rapport publié lors de la réunion du RSMC. En fin de compte, il a encore été prouvé qu'un nombre de systèmes inférieur à la moyenne ne signifie pas qu'il y a moins de risques pour les zones habitées.

Madagascar et les îles voisines ont été heureusement épargnés cette saison cyclonique 2017 - 2018, évitant des dégâts considérables, surtout en comparaison avec les conséquences désastreuses du cyclone Enawo en 2016 - 2017, ce qui est une bonne nouvelle pour le prix de la vanille. Mais pour être vraiment certain d'une baisse de prix, il va encore falloir patienter, probablement jusqu'au début de l'année prochaine. N'oublions pas non plus les victimes de ces phénomènes naturels.

Avec remerciements à : Patra Beson, Service Météorologique de La Réunion et Météo France.